Jehanne et Thérèse - Esprit d'enfance & Spiritualité de combat Simplicité & Générosité
- Walter Adams
- Feb 17, 2018
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(extraits d'une conférence du P. Hervé , Riaumont 2005)

Esprit d'enfance & Spiritualité de combat
Simplicité & Générosité
"Je veux t'aimer comme un petit enfant
Je veux lutter comme un guerrier vaillant"
(poésie de ste Thérèse)
Deux vocations de femme en apparence aussi différentes que la vie publique et la vie cachée.
Histoire d'une âme et histoire d'une vie bien commune.
1926 : canonisation de ste Jeanne d'Arc
(près de 500 ans après sa mort)
17 mai 1925 : canonisation de Ste Thérèse (27 ans seulement après sa mort)
Prière missionnaire (du P. Jacques Sevin) :
"Cœur de Jésus Formez en nous des cœurs de Missionnaires Des cœurs ardents à répandre votre foi Des cœurs fiers de la Croix Voulant partout lui porter témoignage Prêts à souffrir pour prouver leur amour Et comme nos Sœurs Sainte Jehanne et Sainte Thérèse Jaloux de conquérir à leur Christ Tous les cœurs de l'univers".
Jehanne
"Il était une fois une cheftaine" [1]
· Père Sevin et Ste Jeanne d'Arc
1909 : en cette année, l'Église béatifie Jeanne d'Arc. Au scolasticat de Gemert est organisé un triduum en l'honneur de cette bienheureuse Le frère Jacques Sevin fut le 4e conférencier de ce triduum et l'auteur d'un Panégyrique de Jeanne d'Arc.
1917 : 2 février, grands vœux à Mouscron. Durant cette année, essais de scoutisme clandestin, fondation d'une « Ligue Eucharistique Jeanne d'Arc », et rédaction du manuscrit du livre « Le Scoutisme ».
« Jeanne Lorraine » apparaît dans de nombre de ses chants (cf. Le Cor, écrit en 1921).
Il aimait citer cette expression de Jeanne d’Arc: «Dieu premier servi».
· Les Guides de France en adopte la couleur (étendard bleu) et les Jeannettes ont pour cadre la forêt du Bois Chenu, à Domrémy.
"Humble imitatrice des vertus de Jeanne d'Arc, la guide de France veut avec elle que "Messire Dieu soit le premier servi"[2].
Comme pour les Chevaliers de France scouts, les Escoutes de Jehanne d'Arc[4] se consacrent à suivre son exemple.
· Le Père Doncoeur créa en 1930, "le Cercle Jeanne d'Arc" pour les des Cheftaines/SDF et des Guides de France. Et publia à partir de février 1930 jusqu'à sa mort (1962) les "Cahier Ste Jehanne".
Le père Sevin lisait et appréciait les Cahiers du Cercle sainte Jeanne du Père Doncoeur.
Il rechercha dans les bibliothèques de Paris, d'Orléans, de Londres des manuscrits inconnus et oubliés sur la Pucelle d'Orléans. Il travailla sur le manuscrit d'Urfé. De 1948 à 1961, il ne publiera pas moins de huit livres qui lui furent consacrés, offrant à leurs lecteurs des textes inédits et authentiques concernant le procès de réhabilitation.
En 1948, Victor Fleming faisait appel à lui pour être le conseiller dans la réalisation d'un film sur Jeanne d'Arc, dont l'actrice très connue de l'époque Ingrid Bergman fut la vedette. Cette dernière fut du reste invitée à Troussures où le Père Doncoeur terminera sa vie.
· Fête d'Orléans 8 mai 1929 où les Guides de France participent aux cérémonies commémoratives du 5ème centenaire de Jeanne d'Arc avec les SDF. (4.000 scouts tous mouvements confondus)
Les Scouts de France, jusqu’en 1939, tous les ans, participent encore au défilé de Jeanne d’Arc à Paris.
En 1938, aux guides de Lille, le Père Sevin parle avec flamme de leur sainte patronne, « vraiment une grande Sœur » avec «sa simplicité, sa droiture merveilleuse, sa gaieté irréductible, son bon sens, et puis chef[5]... ». C'est elle déjà qu'il donnait en modèle aux chefs et cheftaines de France au début de l'année 1929, année de sa canonisation.
« ENSUITE AIMER » (janvier 1929) Il évoque l'« Amour de France, « terre majeure » et terre de Sainte Jeanne qui lui doit d’avoir conservé la vie, la Foi, et l’unité nationale, et qui autour d’Elle et de son étendard veut grouper tous ses enfants dans une même étreinte éternelle et sacrée... »
On avait offert un ostensoir à Chamarande qui représentait sainte Jeanne d’Arc portant la Croix scoute avec, au centre, l’hostie. Il était souvent exposé à la chapelle du Dolmen.
· Quelque textes
· Simplicité et hardiesse.
· Jeanne d’Arc, incarnation du chef[6] "Thérèse de l'Enfant-Jésus
et de la Sainte-Face qu'on oublie toujours"[7]
· Père Sevin et Ste Thérèse
Ste Thérèse de Lisieux est morte le 30 septembre 1897. Quelques jours après, le jeune Jacques Sevin (15 ans) était en retraite de rentrée à et le 15 octobre, en la fête de l’autre Thérèse (d'Avila). Cette grâce lui vint écrit-il « en la fête de sainte Thérèse d’Avila, quinze jours après la mort de la Petite sainte de Lisieux », et «elle marqua un tournant décisif dans sa vie morale».
En décembre 1911, le jeune frère Jacques Sevin (qui commence sa théologie), publie un long article dans le Messager du Coeur de Jésus[8] qu'il intitule " La Petite Sainte de Lisieux, Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face ".
"Elle eut, dans un haut degré, l'esprit d'enfance ; il ne s'ensuit pas que sa sainteté fut enfantine. Sa mortification intérieure, son apostolat, sa spiritualité n'eurent rien de puéril ; et, si, un jour, comme nous l'espérons, on la voit élevée sur les autels, la dévotion de soeur Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face ne sera pas le monopole des peites filles".
"Est-il téméraire d'espérer que la dévotion à Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face est le remède réservé par Dieu à nos âmes orgueilleuses et raisonneuses, et qu'un jour le charme de sa jeune sainteté les amènera en foule à Celui qui a dit : Laissez venir à moi les petits enfants : le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent"[9].
Elle sera en effet proclamée Docteur de l'Eglise : "Votre doctrine est sage et sûre votre voie
Mais il faut être franc du coeur pour y courir.
Et si votre Evangile est celui de la joie,
On ne le comprend bien qu'à force de souffrir."[10]
En 1921 il résida dans les locaux de l’Action Populaire et lança une troupe « Thérèse de Lisieux» à Noisy-le-Sec.
Aumônier de la IX Lille, troupe qu’il avait fondée, le père Sevin la place sous le patronage de la petite Thérèse de Lisieux, troupe au foulard brun et blanc . En août 1924 , le Père décida d’un pèlerinage à Lisieux puisque la Troupe s’appelait Thérèse de l’Enfant-Jésus. Nous partîmes à trois (...) Après la messe, nous avons été reçus au Carmel par la sœur de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Le 17 mai 1925, la troupe complète, au regret de n'être pas à Rome, célèbre la canonisation de sainte Thérèse et se consacre à elle. « [... ] Faites de nous, ô sainte Thérèse, des généreux à votre exemple et faites que nous ne puissions désormais jamais rien refuser au Bon Dieu ; que nous restions toujours ses enfants simples et dociles, pleins d'abandon en sa Providence ; que par vous, surtout, reste sans tache la pureté de notre cœur, afin qu'au soir de notre vie, nous puissions comme vous sourire à la mort en remettant à Dieu nos âmes toutes blanches »
Rappelons-nous sa formule des Camps écoles de Chamarande :«Apprendre aux enfants à devenir des hommes en apprenant aux hommes à redevenir enfants». En 1933, il compose « l'Escalier d'or » :
"... Il y a des gens qui s'imaginent que pour devenir sainte il faut accomplir des choses extraordinaires.
Mon avis est tout le contraire et mon histoire en est la preuve. Je n'ai jamais fait que des choses très ordinaires.
C'est justement cela qui est intéressant (...)
Je me suis contentée de faire très bien un tas de petites chose très ordinaires (...)
Et voilà le message, voilà la grâce de la petite Thérès de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face."[11]
Cet «Ordre Scout[12] » il le définissait aussi comme : jeunesse, sincérité, dépouillement qui apportent à la vie scoute l’enfance d’âme, éminemment ce caractère «d’enfance spirituelle» de sainte Thérèse de Lisieux.
Un an avant sa mort, le 23 février 1950, le père Sevin refera encore ce pèlerinage à Lisieux, cher à son cœur, pour confier à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, la Sainte Croix de Jérusalem.
· Vertu de Force
Famille de Ste Thérèse (deux grands pères militaires de carrière ). A Lisieux à l'époque : deux casernes. Ste Thérèse se rappelle le "son de la musique des soldats qui arrivait, porté par le vent" . Dans un cahier de souvenir d'enfance on voit ce drapeau où elle avait marqué "Vive le Dieu des français". Patriotisme de l'époque, sous le signe du Sacré Coeur.
"Je me sens la vocation de guerrier, d'apôtre, de docteur, de martyr... je sens en mon âme le courage d'un croisé, d'un zouave pontifical, je voudrais mourir sur le champ de bataille pour la défense de l'Eglise..." (Lettre à sa soeur Marie du Sacré-Coeur, 8 septembre 1896)
La Sainte Face ---> St Suaire, notre Labarum. Figure du Chef. Visage d'un homme ravagé par la souffrance et pourtant empli d'une grande noblesse qui en rayonne.
Spiritualité de combat ><< à "l'eau de rose" (mièvrerie, infantilisme) ! Sa petite Voie est en même temps une voie royale, voie du renoncement et voie du sacrifice, chemin de croix et chemin de joie tout à la fois.
Famille Martin à Lisieux allait à la messe à la cathédrale st Pierre (construite à l'époque de la deuxième croisade de st Bernard) où on garde encore la tombe et la crosse de l'évêque Cauchon... Celui ci avait condamné Jehanne d'Arc, et reçu l'évêché de Lisieux en récompense (1432)
La "petite Thérèse" écrira pour Jehanne des poèmes ( à Jeanne d'Arc mai 1897) et pièce de théatre où elle joua son rôle (on a même une célèbre photo où on la voit enchaînée...)
Générosité cf. prière scoute, vertu de dévouement
Conclusion
Père Forestier témoigne : la spiritualité du camp de Chamarande " comportait des méditations tirées de l’Evangile, et s’inspirait de la petite voie de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, du Père de Foucauld et de l’élan missionnaire. On y évoquait Saint Louis, Jeanne d’Arc et les grands souvenirs de la chrétienté"[13]
2 saintes, toute deux nommées patronnes secondaires, et révellées à l'aube du scoutisme en France. Doubles "pôles" de notre spiritualité (cf. branches jaune & rouge). Esprit d'enfance (simplicité) + Spiritualité de combat (générosité).
[1]Père Jacques Sevin, 15 mai 1931, le Chef N° 83.
[2]Règlement des G.D.F. 1932, p.21
[3]Règlement des G.D.F. 1932, p.39
[4]Règlement des G.D.F. 1932, p.115 à 118
[5]J. SEVIN, Sur Jeanne d Arc, 8 mai 1938
[6]Père Jacques Sevin, mars 1929, le Chef, N° 61, p 99.
[7]L'Escalier d'Or, 1934, jeu choral du P. Jacques Sevin.
[8] une trentaine de pages, qui paraîtront dans le Messager du Cœur de Jésus en décembre 1911
[9] Conclusion de l'article du P. Jacques Sevin sur Ste Thérèse de 1911.
[10]Petite Sainte, Petite Fleur , poème du P. Jacques Sevin, 1913.
[11]L'Escalier d'Or, 1934, jeu choral du P. Jacques Sevin.
[12] le «Chef»1931
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